Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                   LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE

 

MARTIN (David), savant théologien protestant, né le 7 septembre 1639, à Revel (Languedoc), mort le 9 septembre 1721, à Utrecht.

 

Il fit ses études de philosophie à Nîmes et celles de théologie à Puylaurens, où l’académie protestante de Montauban avait été transportée. Doué d’un esprit vif et pénétrant, il s’appliqua en même temps à la lecture des Pères, aux langues orientales, à l’histoire et à la littérature.

Nommé pasteur à Espérance, près de Castres (1663), il remplit les mêmes fonctions non loin de là, au bourg de La Caune, depuis 1670. Satisfait de cette modeste position, il refusa la vocation que lui adressa l’église de Milhau, ainsi que la chaire de théologie à Puylaurens.

 

 Après la révocation de l’édit de Nantes (1685), il se retira en Hollande, et fut attaché à l’église d’Utrecht, où il resta jusqu’à la fin de ses jours, quoiqu’on lui eût offert en 1686 une place de professeur à Deventer et en 1695 une place de pasteur à La Haye. À quatre-vingt-deux ans, après avoir prêché son dernier sermon, il fut pris, en quittant la chaire, d’une violente fièvre, qui l’emporta en deux jours.

Bien qu’orthodoxe rigide, Martin se montra en toute circonstance doux, pacifique et conciliant. Ses travaux sur la Bible lui assignent un rang honorable parmi les théologiens protestants du dix-septième siècle, renommés pour leur érudition. Il fut un des meilleurs écrivains du refuge. Il possédait tellement les règles et la délicatesse de la langue qu’il fut en état de fournir des remarques à l’Académie Française, lorsqu’elle voulut faire imprimer la seconde édition de son dictionnaire.

 

« Il parlait avec autant de facilité et aussi bien qu’il écrivait, dit Claude. On ne s’en étonnera point si l’on fait attention qu’il avait l’esprit vif, pénétrant et très présent, la mémoire heureuse, le jugement excellent. Il cherchait toujours à s’instruire; tout excitait sa curiosité, arts, sciences, affaires.»

Ce ne fut que dans l’exil qu’il songea à tirer quelque parti de ses connaissances, et il avait près de soixante ans lorsqu’il fit paraître ses premiers écrits.

 

On a de David Martin:

- Le Nouveau Testament expliqué par des notes courtes et claires sur la version ordinaire des Eglises réformées, avec une préface générale touchant la vérité de la religion chrétienne; Utrecht, 1696, in-4°; il entreprit cet ouvrage à la demande d’un grand nombre de ses coreligionnaires;

- Histoire du Vieux et du Nouveau Testament; Amsterdam, 1700, 2 volumes in-fol., fig.; plusieurs fois réimprimée et traduite en hollandais; elle est plus connue sous le titre de Bible de Mortier, du nom de l’éditeur;

- La Bible qui contient le Vieux et le Nouveau Testament; Amsterdam, 1702, 2 vol. in-fol. Chargé de ce travail par le synode des églises wallonnes, il rédigea des notes, retoucha la version par rapport au langage, et mit en tête des considérations générales remplies d’érudition; cette Bible a été réimprimée en très-grand nombre de fois;

- Sermons sur divers textes de l’Écriture Sainte; Amsterdam, 1708, in-8°: plein de pensées solides;

- L’Excellence de la foi et de ses effets, expliquée en XX Sermons; Amsterdam, 1710, 2 vol. in-8°;

- Traité de la Religion naturelle; Amsterdam, 1713, in-8°; trad. en hollandais (1720), en anglais (1720) et en allemand (1735): il y a beaucoup de solidité, de force et de clarté;

- Le vrai Sens du Psaume CX; Amsterdam, 1715, in-8°: c’est une réponse à la fausse application qu’en avait faite à David le pasteur anglais Jean Masson; celui-ci riposta de nouveau, et d’une façon violente, dans le t. X de son Histoire critique de la République des Lettres;

- Deux Dissertations critiques; Utrecht, 1717, in-8°: il y soutient l’authenticité du passage des trois témoins (Épître de saint Jean, V, 7), et de celui de l’historien Josèphe touchant Jésus-Christ. La première opinion eut contre elle deux adversaires déclarés, Thomas Emlyn et le P. Lelong : l’un, qui était socinien, la repoussait comme établissant l’unité du Père, du Fils et du Saint-Esprit; l’autre se contentait de prétendre que le passage de saint Jean manquait dans les manuscrits ayant appartenu à Robert Estienne.

 

Claude, Notice dans les Mémoires du P. Niceron, XXI - Chaufepie, Dict. hist - Prosper Marchand, Dict. - Nayral, Biog. Castraise, II - Haag frères, La France Protestante, VII.

Source : Nouvelle Biographie Générale depuis les Temps les plus Reculés jusqu’à nos Jours, avec les renseignements bibliographiques et l’indication des sources à consulter, sous la direction de M. Le D’Hoefer, publié 1861, Paris, Firmin Didot frères, fils et cie, T 34, p. 34

 

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